Sur les routes de Mongolie (mais par "route" il faut entendre des étendues infinies couvertes de neige que nous traversons des heures durant sans rencontrer âme qui vive, où ne se dessine pas la moindre piste, où nous dépendons entièrement du savoir de notre guide qui sillonne le pays à vue), nous croisons de nombreux oovos.

Un oovo peut prendre plusieurs formes, le plus souvent ce sont de grands cairns formés au fil du temps par des dépôts successifs de pierres, de khata (écharpes tibétaines), d'objets divers (céramique, coffret de bois dans lequel on aura glissé un mot ou une prière, etc.).

Dans ce pays peu balisé par l'homme, les oovos constituent de forts marqueurs géographiques en fonction desquels s'orienter, et qui rythment les étapes d'un voyage.

Lorsqu'on croise un oovo il convient de s'y arrêter, si le temps le permet, pour y effectuer trois circumambulations dans le sens des aiguilles d'une montre (tout comme on fait autour des stupas bouddhistes).
Ce petit rituel permet aux voyageurs de conjurer le mauvais sort. On pourra également faire une offrande (un peu de lait ou d'alcool). Les Mongols, qui doivent régulièrement entreprendre des voyages difficiles (la moitié de la population est nomade), sont très superstitieux et multiplient les signes pour s'assurer d'arriver à bon port sans rencontrer d'obstacle (chaque départ est par exemple accompagné d'une offrande de lait).

Lieu sacré, chaque oovo est également le dépositaire d'une mémoire collective que l'on se transmet oralement. Il témoigne d'un évènement passé, qu'il soit légendaire ou historique, qui eût lieu à cet emplacement (bien souvent la venue d'un saint lama prestigieux, ou plus récemment la commémoration d'un temple détruit et d'un massacre lors de l'invasion russe du début du XXème siècle).

(photos et notes prises en 2010)