Gian Lorenzo Bernini, La Transverbération de Sainte Thérèse ou L'Extase de Sainte Thérèse (détails), 1647 - 1652, sculpture en marbre, Église Santa Maria Della Vittoria de Rome


La transverbération désigne "l'action de transpercer, le fait d'être transpercé".
Dans la langue mystique, c'est la "grâce mystique spéciale, accordée à Sainte Thérèse d'Avila, qui voyait un séraphin lui transperçant le cœur avec un dard enflammé". - définition du CNRTL


Gian Lorenzo Bernini, Bozzetto pour l'Extase de Sainte Thérèse , terre cuite, circa 1647, hauteur 47 cm




Gian Lorenzo Bernini, La Bienheureuse Ludovica Albertoni, entre 1671 et 1674, sculpture en marbre, San Franscesco a Ripa, Rome

On retrouve dans cette sculpture du Bernin la sensualité de l'expression et la surabondance exubérante du drapé qui caractérisaient
déjà la Ste Thérèse (réalisée une vingtaine d'année plus tôt). Dans son livre sur le Baroque, Deleuze souligne l'autonomisation du jeu
de ces plis, dont la forme n'est plus strictement déterminée par celle du corps qu'ils enveloppent, quand il évoque "la forme sublime
que le Bernin leur donne en sculpture, lorsque le marbre porte et saisit à l'infini des plis qui ne s'expliquent plus par le corps, mais
par une aventure spirituelle capable de l'embraser". (Le Pli - Leibniz et le baroque, 1988, Minuit)




Gian Lorenzo Bernini, Bozzetto pour La Bienheureuse Ludovica Albertoni, c. 1672, modèle en terre cuite, 19.5 x 46 x 20 cm

Bernini réalisait plusieurs "esquisses modelées" (bozzetti) avant la réalisation du marbre définitif. Dans celle-ci, la bouche,
c'est-à-dire le point focal par où s'extériorise l'extase, s'est brisée, comme une mâchoire démise sous l'effet d'une jouissance trop forte.
(Comme il arrive souvent lorsque l'on considère la statuaire endommagée par le temps, cette mutilation involontaire accentue la
charge expressive de la figure.)





Brassaï, Le phénomène de l’extase, 1933, photographie





Salvador Dali, Le phénomène de l'extase, 1933, photomontage publié dans Minotaure, n° 3-4, décembre 1933
Publié dans le numéro de décembre 1933 de Minotaure, à la suite d'un court texte homonyme, "Le phénomène de l'extase" accueille trente-deux découpages photographiques. Ces fragments sont organisés en une mosaïque spiralée, manière de "jeu de l'oie" qui semble reprendre, à l'échelle du montage tout entier, l'enroulement que forme l'anatomie des oreilles qui en composent quelques fragments. De cet ensemble circulaire se détache l'image centrale, d'un format nettement supérieur aux autres.
[...]
Ce que nous voyons tient en une multitude de photographies découpées et disposées sans trop de soin sur un fond noir ; la plupart montrent un visage de femme que le titre nous invite à considérer en extase. À ces visages féminins s'ajoutent trois têtes masculines, quatre sculptures, deux objets (une chaise, une épingle) ainsi que seize oreilles empruntées aux tableaux d'Alphonse Bertillon. En bas de l'image, une photographie présente un groupe mixte où l'homme est manifestement affublé d'une fausse barbe. S'il est encore impossible de restituer à chaque découpage son origine, les photographies de sculptures peuvent être rapprochées de celles prises par Brassaï et publiées dans l'article qui précède le montage, notamment le visage sculpté qui reprend, sous un autre angle, l'illustration intitulée précisément "L'extase de la sculpture" (fig. 3. Brassaï, "L'extase de la sculpture", Minotaure, n° 3-4, 1933). Quant à la chaise bancale, il s'agit d'un " objet atmosphérique " de l'artiste présenté chez Pierre Colle la même année et qui joue à sa manière la scène du renversement (fig. 4. Exposition surréaliste, galerie P. Colle, Paris, juin 1933). L'aiguille Modern Style, quant à elle, propose non seulement une analogie formelle avec la morphologie des oreilles par son extrémité décorative, mais représente aussi le seul élément phallique de l'ensemble par son format allongé et vertical. Ce double jeu du format et du mimétisme végétal, propre au répertoire décoratif 1900, n'est pas sans rappeler les agrandissements photographiques de végétaux empruntés à Karl Blossfeldt par Georges Bataille pour "Le langage des fleurs", publié dans Documents. Enfin, l'image centrale a été découpée dans une épreuve désormais célèbre de Brassaï ("Phénomène de l'extase, portrait de femme, 1932"). Il s'agit peut-être de la photographie qu'Éluard avait prévu de publier intégralement, mais que, déçu par le résultat, il décida de recadrer pour l'insérer dans l'ensemble.

Michel Poivert, « "Le phénomène de l'extase" », Études photographiques 2,  Mai 1997 [source]





Ben Russell, TRYPPS #7 (BADLANDS), 2010
10:00, S16mm, 5.1

"TRYPPS #7 (BADLANDS) charts, through an intimate long-take, a young woman's LSD trip in the
Badlands National Park before descending into a psychedelic, formal abstraction of the expansive
desert landscape. Concerned with notions of the romantic sublime, phenomenological experience,
and secular spiritualism, the work continues Russell's unique investigation into the possibilities of
cinema as a site for transcendence." - Michael Green, Museum of Contemporary Art Chicago