Armand Schulthess (1901-1972) est né à Neuchâtel, en Suisse. A l’âge de cinquante ans, il quitte son emploi et part s’installer à Auressio, au Tessin, dans une maison de campagne acquise quelques années auparavant. Armand Schulthess entreprend alors d’aménager sa propriété de 18 000 m² d’un réseau de chemins, de passerelles, de ponts, d’escaliers et d’échelles. Il accroche aux arbres, avec du fil de fer, des centaines de plaques de métal faites de couvercles ou de fonds de boîtes de conserve, qu’il enduit de peinture et sur lesquelles il inscrit des messages avec une aiguille à tricoter ou un bout de bois émoussé. Ces textes réunissent de manière encyclopédique une multitude de connaissances touchant à la géologie, l’astrologie, la psychanalyse, la sexologie, la littérature et la musique notamment. A sa mort, ses héritiers ainsi que les autorités tessinoises décident de détruire son œuvre. Seuls quelques écrits, des photographies et une série de plaques de métal sont sauvés de la destruction.

[Notice biographique de La Collection d'Art Brut de Lausanne]






Schulthess composa de nombreux livres, grands montages réalisés à partir de matériaux divers (photos de journaux et magazines, dessins, schémas, morceaux de papiers choisis pour leur couleur ou leur texture, etc.) et classés par sujet.

Dans la maison, les livres sont des plis où l'on trouve des mondes aussi riches et aussi foisonnants que la maison dans son ensemble. Jardin, maison et livres semblent produits par le même principe d'organisation : transformation (par assemblages, associations) de la connaissance dans son hétérogénéité en une architecture totale, unifiée mais instable, chaotique et débordante.





Reportage extrait de l'émission Kulturplatz du 27.04.2011


L'œuvre d'Armand Schulthess ayant été détruite après sa mort, la connaissance que nous en avons aujourd'hui a été rendue possible par Hans-Ulrich Schlumpf, qui lui a consacré un film documentaire (Armand Schulthess - J'ai le téléphone, 1974) et un livre (Armand Schulthess - Rekonstruktion eines Universums, 2011) dont sont extraites les images visibles sur cette page.